Vivons-nous sous l'emprise des objets ?

Publié le par hypocampe2011.over-blog.com

 

Vivons-nous sous l'emprise des objets ?

Café Philo Le Phare.

 

Il existe trois mots à définir dans cette phrase :

  •  
    • Vivons-nous, c'est une action, un mouvement, il y a donc une différence avec être.

    • Emprise, il existe une dépendance et un pouvoir dans ce mot.

    • Objet, c'est le matérialisme.

       

Hannah Arendt : "La machine se distingue de l'outil en ce que la machine guide la main et parfois la remplace tout à fait".

Victor Hugo : "Où vont tous ces enfants" extrait de l'oeuvre : "Les Contemplations" : "Accroupissous les dents d'une machine sombre, monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre" : deux citations qui alimentent bien l’idée que les objets créés pouvaient mettre en danger son créateur.

 

Définition de l'objet : Tout ce qui, animé ou inanimé, affecte les sens, principalement la vue. Chose solide, maniable, généralement fabriquée, une et indépendante, ayant une identité propre, qui relève de la perception extérieure, appartient à l'expérience courante et répond à une certaine destination.

Tout élément ayant une identité propre, produit par un art ou une technique et considéré dans ses rapports avec cet art ou cette technique.

 

Le pouvoir de l'objet peut aller jusqu'à agir contre la main de l'homme.

L'objet a la même racine qu'objectif, c'est ce qui est posé devant soi.

C'est la main de l'homme qui utilise l'objet.

C'est l'homme qui crée l'objet.

 

Si nous prenons la création d'une hache dans les premiers temps de la vie humaine. Cette hache est créée pour aider l'homme et le faire progresser. C'est donc penser aussi le progrès et l'avancée moderne de l'homme. Ce qui devient utile et facilite la vie peut nous rendre esclave de cet objet mais l'évolution de l'homme passe par la création.

 

En psychanalyse, on parle d'objet d'amour, de relation d'objet.

 

Il faut distinguer la chose et l'objet, il existe une différence entre l'objet et la chose.

Aristote fait cette différence entre l'objet et la chose. L'exemple du marbre qui deviendra une sculpture. Connaître une chose, c'est en connaître les quatre causes :

  •  
    • matériel,

    • formel,

    • intentionnel,

    • efficience.

Hegel décrit une obnubilation de la chose.

 

Il faut aussi parler du fétichisme et de l'objet qui peut devenir un fétiche comme une protection de l'homme qui croit au pouvoir de cet objet qu'il a défini comme fétiche.

L'objet porte parfois un sentiment ou une histoire. Il peut être transmis autour d'un objet l'histoire d'un travail : une bague peut devenir le lien indéfectible d'une famille par exemple.

 

Il existe différents aspects d'un objet :

  •  
    • la technique,

    • la sémantique,

    • la sémiologie.

Et de ces trois notions nous pouvons en conclure une symbolique de l'objet.

 

Définir un objet, c'est donc aussi définir la relation d'objet.

Peut-on vivre sans objet ? Sans but ? Sans raison ?

 

C'est la question du choix ou du non choix de l'objet et cela nous renvoie à notre liberté de choisir un objet ou un autre qui peut donner un sens de l'achat ou non d'un objet. Acheter des produits équitables par exemple peut allier l'objet au sens de ce que nous voulons donner à nos choix de vie.

 

Dans le livre, « L'art de l'essentiel » de Dominique Loreau, elle nous signifie le sens d'avoir ou de ne pas avoir des objets et la différence des cultures nous amènent à constater que certains pays vivent avec très peu d'objet.

 

Il faut comprendre le rapport entre le sujet et l'objet d'aujourd'hui. Exemple donné d'une publicité où ce slogan a été créé : « Il faut augmenter son capital de séduction », la séduction aurait-elle aujourd'hui un capital financier !

 

Est-ce qu'aujourd'hui l'homme peut vivre sans objet ?

Est-ce que les objets ne nous permettent pas de devenir un sujet parfois ? C'est la question des apparences et de la superficialité de certaines personnes.

Que mettons-nous derrière l'appartenance et du sens de nos achats ?

 

Pourrions-nous exister sans l'objet ?

 

La promotion à l'état de sujet d'un objet par l'homme est une maîtrise de l'homme sur la nature. C'est une inversion puisque c'est la nature qui est au dessus du sujet.

 

La différence, c'est donc la pensée que nous mettons sur les objets. Quelle place donnons-nous à l'objet dans nos vies ?

 

Alphonse De Lamartine a écrit ceci : « Objet inanimé avez-vous donc une âme ? »

 

Notre pensée modifie la valeur de l'objet :

  •  
    • par la croyance, l'objet devient objet de culte,

    • par le sentiment, l'objet offert représente parfois le sentiment que nous portons à quelqu'un,...

 

L'emprise des objets sur nos esprits...

 

Définition d'emprise :

- Dans l'histoire féodale : Entreprise, prouesse chevaleresque. Ce fut [la Révolution] une folle « emprise », à la façon des vœux chevaleresques du Moyen Âge (RENAN, Feuilles dét., 1892, p. 244).
- Emprise de terrain. Action de prendre par expropriation, spécialement des terrains indispensables à l'exécution de travaux d'intérêt public. Aucun projet de vue nécessitant une emprise quelconque sur l'hôtel de l'ambassade russe n'a jamais été adopté par l'administration municipale de Paris (Monit. univ., 6 juin 1868, p. 782, 2
ecol. ds LITTRÉ).
- Ascendant intellectuel ou moral exercé par quelqu'un ou quelque chose sur un individu. Avoir de l'emprise sur quelqu'un.

- Plus rare. Domination physique.

 

Il faut comprendre le rapport de l'objet à la parole et au monde symbolique : La chose devient objet en étant nommé par l'homme et l'objet entre alors dans notre humanité.

 

Il faut séparer les objets :

  •  
    • l'objet d'art,

    • l'objet travail,

    • l'objet croyance...

       

La différence des sens de qualification que nous mettons sur les objets :

- selon les croyances : l'objet de culte,

- selon l'argent : l'objet richesse,

- selon l'amour : l'objet peut devenir l'autre que nous aimons, l'objet du désir.

 

C'est donc quand l'objet devient un sujet que nous sommes sous l'emprise de l'objet. La pensée que nous portons sur un objet renforce l'emprise de cet objet sur nous. Un symbole religieux a une force ou une emprise sur les peuples parce que ces peuples investissent et en grands nombres cet objet comme ayant une force sur eux ou sur le monde (exemple : des livres religieux). Cette pensée collective amène l'objet à devenir sujet.

 

Le sujet, c'est l'être.

 

En psychanalyse, l'emprise des objets peut devenir pathologique pour diminuer les angoisses.

Cette emprise des objets peut se traduire de différente manières :

  •  
    • Les achats compulsifs en témoignent c'est parfois par manque d'amour que l'être humain compense ce manque par des achats. La possession de l'objet devient une compensation de la frustration.

    • Le pervers chosifie l'autre pour satisfaire ses pulsions. L'autre devient son objet.

 

« Le terme d'objet doit ici s'entendre en général selon la signification vectorielle de ce qui est visé par une certaine dynamique dont la source est nommée « sujet » : ainsi l'objet du désir, l'objet de la pulsion, l'objet d'amour (on notera toutefois que Lacan parle de « sujet du désir », mais non de « sujet de la pulsion »). Mais, s'agissant du désir, la visée de l'objet implique toujours une médiation qui rende cet objet désirable.

Cette médiation est l'ordre symbolique (la chaîne associative des représentations) par lequel un objet est désiré parce qu'il représente, à l'insu du sujet conscient, un autre objet antérieurement désiré (cf. le désir de Descartes pour les jeunes filles « louches » [Lettre à Chanut, 6 juin 1647]). L'objet empirique du désir n'est donc jamais désirable par lui-même mais toujours en vertu de ce qui l'associe, symboliquement, à un autre objet. Si donc ce que désire le sujet est toujours ce qui lui manque, ce manque que le sujet cherche à combler par l'objet occurrent de son désir est toujours relatif à une expérience de satisfaction antérieurement vécue.

Voilà pourquoi Freud pouvait énoncer cette sorte de théorème : « Trouver l'objet sexuel n'est, en somme, que le retrouver » (Trois Essais sur la théorie de la sexualité, III, 5). Si l'objet du désir est toujours un objet retrouvé, cela signifie que ce qui fait la valeur désirable de l'objet empirique du désir est toujours autre chose que cet objet même ; plus précisément : cette autre chose est le véritable objet du désir, son objet en quelque sorte caché.

Il faut un élément intermédiaire qui soit, d'un côté, de l'ordre de la Chose et, de l'autre, de l'ordre de l'objet sans être pour autant objet empirique, c'est-à-dire sans être soutenu par du signifiant.

 

Cet élément est ce que Lacan appelle l'objet a (notation qui se lit : « objet-petit-a »). D'un point de vue simplement structurel, cet objet a est le strict équivalent du schème kantien.
Mais, au-delà de l'abstraction structurelle, il faut préciser à quoi renvoie cet objet a. D'un côté, cet objet a peut être dit objet chosique en tant qu'il n'est pas un objet empirique visé symboliquement par le désir ; c'est un objet toujours séparé de l'ordre symbolique où s'articule le désir du sujet, et donc, à ce titre, un objet toujours déjà perdu. D'un autre côté, cet objet a est lié - non pas identifié, mais lié - à ce qui, dans l'ordre empirique, est également de l'ordre de la séparation. Il s'agit d'une part du sein et des fèces, avec lesquels, dans sa vie pré-empirique, le non-encore sujet était confondu, et qui n'ont accédé au statut d'objets empiriques qu'après leur séparation, leur perte (on retrouve là la thèse de Freud sur l'indifférenciation originaire du sujet et de l'objet). Il s'agit d'autre part du regard et de la voix dont se soutient le sujet dans son rapport au monde mais qui ne sont pas eux-mêmes des objets empiriques que le sujet puisse viser comme tels (le regard est ce qui ne peut pas se voir ; la voix est ce qui ne peut pas se dire). L'objet a est donc ce singulier objet non objectivable, par la médiation duquel la dynamique de la pulsion (le pur manque qu'est la Chose) peut se rapporter à des objets empiriques de désir. »
« Le concept d' « objet » en psychanalyse : Bernard Baas, professeur de philosophie. »

 

 

Il me semble que c'est quand nous faisons de l'objet un sujet que nous sommes sous l'emprise de l'objet. L'analyste selon la pensée lacanienne et la philosophie nous amène à mettre en interaction le savoir, le réel et la vérité pour comprendre et pour analyser :

  • Savoir l'objet : c'est penser l'objet,

  • Le réel : c'est se cogner à l'objet,

  • La vérité : c'est l'existence ou l'absence de l'objet.

     

Le 5 février 2011,

Hélène Perron.

Publié dans Psycha-Philo

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