La pensée d'Aristote (Ἀριστοτέλης) II :

Publié le par hypocampe2011.over-blog.com

Aristote oppose ainsi à "l'explication par la nécessité aveugle, c'est-à-dire par la cause motrice et par la matière"(mécanisme), "l'explication par le meilleur, c'est-à-dire par la cause finale"(finalisme), laquelle "a son principe sur un plan supérieur", celui des êtres divins et éternels, les astres qui sont dans le ciel. En théorie, il ne devrait en fait pas y avoir de cycle de naissance et de mort des animaux, puisque l'univers est tout entier parfait et éternel. Pourquoi donc y a-t-il génération ?

 

 

 

C'est le "principe du meilleur" qui seul permet de répondre :

 

"Puisqu'en effet parmi les êtres les uns sont éternels et divins tandis que les autres peuvent aussi bien exister ou non et participent au pire comme du meilleur ; comme l'âme est meilleure que le corps matériel, l'animé meilleur que l'inanimé parce qu'il a une âme, comme être est meilleur que ne pas être et vivre que ne pas vivre, pour toutes ces raisons il y a génération des animaux. Puisqu'il est impossible que la nature de ce genre d'être soit éternelle, c'est seulement dans une certaine mesure que ce qui naît est éternel. Individuellement, il ne le peut pas. Mais il peut l'être du point de vue de l'espèce. Voilà pourquoi il existe perpétuellement un genre des hommes, des animaux, des végétaux."(Génération des animauxII,1,731b)).

 

La métaphysique:

« Qu'est-ce qui fait que la totalité de ce qui est est ? », laquelle question semble définir l'objet d'une science dénommée philosophie première ou métaphysique.

C’est donc pour Aristote la science la plus générale, par opposition aux sciences particulières. La philosophie première, c'est la philosophie qui, au lieu de « découper une partie de ce qui est » (genre, espèce, ou autre) pour se poser ensuite la question de son être particulier (Qu'est-ce qui fait que ce qui est vivant est vivant ?ou encore Qu'est-ce qui fait qu'un homme est un homme?ou bien Qu'est-ce qui fait qu'un minéral est un minéral ?etc.) "prend en vue la totalité de ce qui est"pour s'interroger sur ce qui fait que tout ce qui est est.

 

Selon Aristote, la philosophie première est donc la science de l’êtreen tant qu’il est et non d'une de ses parties, ou encore la science des principes et causes de l’être en tant qu'il est et de ses attributs essentiels.

La philosophie première, en posant la question de savoir ce qui fait que tout ce qui est est, se heurte à de multiples problèmes, du fait que « ce qui est se dit en de multiples sens » (Métaphysique, G) ou autrement dit que « ce qui est en tant qu'il est n'est pas un genre » (Métaphysique, B).

En effet, ce qui est se découpe en parties distinctes (supra-lunaire et sub-lunaire, les différents genres, les différentes espèces, etc.) dont les principes et les causes semblent définitivement hétérogènes les unes aux autres.

 

Pour répondre à la question de la métaphysique et résoudre les différents problèmes qu'elle pose, la recherche aristotélicienne porte alors plus particulièrement sur les manières de direl’être. Ainsi la définition des essencesdépend-elle de la philosophie première.

 

Dans les Catégories, Aristote explique plusieurs sens de ce qui se dit simplement, c'est-à-dire de ce qui se dit sans combinaison (les termes des propositions) : substance (οὐσία / ousía), qualité, quantité, relatif, lieu, temps, position, action, passion, avoir. Cette liste est variable et semble devoir être complétée par d’autres concepts, tels que êtreen puissanceou en acte,privation, possession, antérieur, postérieur. Mais pour ce qui est de l’être, tous les sens dérivent du sens primitif et essentiel de l’être de la substance. La question fondamentale de la métaphysiqueest donc la substance.

 

Selon lui, en effet, toute métaphysiquese réduit à la question suivante : qu’est-ce que la substance ? Le livre Z de la Métaphysiquecherche à répondre à cette question (voir substance (Aristote)).

 

Aristote se fonde toujours sur le même réseau de concepts, qui sont définis dans les livres Α et Δ de Métaphysique :

Catégories:

- Substance,

- Acte/puissance,

- Entéléchie,

 

Les 4 Causes au développement de toute chose en prenant comme exemple une sculpture en marbre :
- La cause matérielle : le marbre
- La cause efficiente : le moteur de la transformation le sculpteur
- La cause formelle : la forme de l'objet : la configuration de la statue
- La cause finale : c'est la vocation de l'objet.

 

On parle parfois d'une orientation onto-théologiquede la philosophie première : en effet Aristote semble dans certains livres :

- le livre E, reconduire la question ontologique du livre gamma (qu'est-ce qui fait que tout ce qui est est ?) dans une question de type théologique (quel est la première cause qui amène à l'être l'ensemble de ce qui est ?).

- Dans la Métaphysique, il décrit Dieu comme le premier moteur immuable, incorruptible, et le définit comme la pensée de la pensée, c'est-à-dire comme un Être qui pense sa propre pensée, l'intelligence et l'acte d'intelliger étant une seule et même chose en Dieu :

 

"L'Intelligence suprême se pense donc elle-même... et sa Pensée est pensée de pensée.".

 

Il est en ce sens une forme ou un acte sans matière qui provoque en premier l'ensemble des mouvements et par suite l'actualisation de l'ensemble de ce qui est.

 

Sciences pratiques:

L’Éthique, dans le domaine de l’action, Aristote distingue la praxis, action immanente qui a sa fin en elle-même, et la poïesis, au sens large la production d’une œuvre extérieure à l’agent. Cette distinction place d’une part les sciences pratiques (éthiqueet politique) et les sciences poétiques.

 

Le bonheur, selon Aristote, toute action tend vers un bienqui est sa fin ; mais on peut subordonner les fins à la fin dernière de l’hommepar rapport à laquelle elles sont elles-mêmes des moyens. Le postulat est donc l’unité des fins humaines. Il ne semble pas considérer la possibilité de conflits par exemple entre des fins techniques et des fins morales.

 

Le biensuprême est le bonheur, mais les opinions le concernant sont variables : ce bien serait le plaisir, les honneurs ou les richesses. Cependant pour Aristote, le bien suprême est au-delà des biens particuliers qui ne sont que des moyens par lesquels le bonheur peut se réaliser.

 

La signification du bien n’est donc pas unique, il n’est pas une substance, mais une unité analogique entre différentes acceptions.

 

Aristote souligne trois caractéristiques du souverain Bien :

- l’autosuffisance :Le bonheur est un bien qui se suffit à lui-même (on ne cherche pas le bonheur pour autre chose que le bonheur) ;

- l’achèvement : il est fini, on ne peut rien y ajouter ;

- son caractère fonctionnel.

 

Dans sa conception du bonheur, Aristote ne se limite pas à la vertu: le bonheur ne peut être achevé sans les biens du corpset les biens extérieurs. Aussi le bonheur de l’homme, s’il dépend de lui, dépend aussi des circonstances extérieures ; dire comme les Stoïciensque le sage est heureux jusque sous la torture, « c’est parler pour ne rien dire ».

Au contraire, l’homme vertueux est celui qui compose avec les circonstances pour agir avec toujours le plus de noblesse possible : l’homme se contente du meilleur possible, sans être passif, et ne recherche pas un absolu illusoire.

 

Enfin, le dernier caractère du bien, est d’être l’actepropre de chaque être:

- le bonheur n’est pas être, possession ou simple potentialité, il est usage effectif, activité et faire ;

- l’acte propre de chaque être est celui qui est le plus conforme à son essence: c’est l’excellence de l’âme, dans les vertus intellectuelles et morales.

 

Le bonheur chez Aristote est tout autre : il s'agit plutôt d'un état de vie constant, rationnel et vertueux, qui se vit notamment dans la sphère politique, c'est-à-dire dans la vie de la cité grecque. Ce bonheur est appelé bonheur humain en ce qu'il s'agit de l'épanouissement de l'être humain dans la vie de la cité, sous la conduite de la droite raison et des vertus.

 

Cependant, il existe un bonheur supérieur au bonheur humain : c'est ce qu'Aristote appelle le bonheur divin :

Il s'agit de l'activité de l'intelligence spéculative en tant qu'elle trouve sa fin en elle-même et ne vise rien de supérieur.

Aristote constate qu'il s'agit là du bonheur des dieux : la vie de l'intelligence est également divine par rapport à l'existence humaine. Ce bonheur que procure l'activité de l'intelligence est absolument indépendant de tout autre chose et il est voulu pour lui-même.

 

La vertu: (aretè, excellence)est une disposition acquise, consistant dans un « juste milieu relatif à nous, lequel est déterminé par la droite règle et tel que le déterminerait l’homme prudent » (Éthique à Nicomaque). Ce n’est ni un don, ni une science. La moralité n’est pas seulement de l’ordre du logos (connaître le bienne suffit pas pour le faire), mais du pathos et de l’êthos (mœurs). La vertu doit donc pénétrer la partie irrationnelle de l’âme, siège des vertus morales (contrairement aux vertus dianoétiques, propres à la partie rationnelle de l’âme).

C’est l’expérience de l’homme prudent, son discernement acquis qui sont les critères de la droite règle.

Il y a néanmoins une norme objectivable : le milieu entre un défaut et un excès, l’usage mesuré de la passionqui n’est pas une moyenne mathématiquemais un équilibre individualisé et relatif à la situation.

Aristote définit donc les vertus dans les situations sans lesquelles elles n’existent pas. L’existence précède ainsi le conceptd’une vertu.

La vertu peut prendre deux formes : la vertu éthique ou « prudence » (phronesis) et la vertu intellectuelle ou « sagesse » (sophia).

 

La prudence : phronesisou sagacité, (φρόνησις) :

C'est une vertu morale qui s'attache aux actes contingents, c'est-à-dire relativement au bon agir. Cette disposition a pour fin le sujet agissant lui-même, c'est-à-dire que la prudence permet de se constituer vertueux.

Elle réglemente en quelque sorte l’usage des passions c’est-à-dire qu’elle consiste en un juste usage des passions et des affects (pathoi) selon les circonstances. C'est pourquoi, bien qu'elle soit dans la partie rationnelle de l'âme, elle ne porte pas sur le nécessaire mais sur le contingent, puisqu'elle agit selon les circonstances.La prudence consiste par exemple à savoir quand il faut être en colère, jusqu’à quel point et avec qui. Elle est donc capacité à agir selon les circonstances de façon adéquate :

l'homme prudent sait appliquer, après délibération, les principes universels aux situations particulières.

 

La sagesse: ou sophia(σοφία)est la vertu de la partie rationnelle de l'âme qui s'occupe du nécessaire. Elle s'occupe des premiers principes théoriques et pratiques. La sagesse est donc une science : "qui connaît en vue de quelle fin les choses sont faites, fin qui est, dans chaque être son bien et du souverain Bien dans l'ensemble de la nature".

C'est donc la science théorétique la plus élevée, c'est-à-dire la science architectonique par excellence.Et comme elle s'attache à comprendre le monde de façon scientifique, c'est-à-dire à décrypter la nécessité dans les choses, elle prend la forme de la physique, de la cosmologie, de l'ontologie et de la théologie. Mais elle est également une totalité, savoir qu'elle englobe également la vertu de prudence (ou de sagacité) et la vie vertueuse qui est plutôt pratique.

Comme elle consiste en la contemplation des vérités nécessaires et loin des contingences, elle est dite divine.Celui qui est sage (sophos) se consacre donc à une vie contemplative (bios theoretikos) loin des passions et des souffrances.

C’est cette vertu qui constitue la plus haute forme de vertu selon Aristote et non la prudence.

 

Volonté et responsabilité:

Aristote est le premier philosophe de l'Antiquité à avoir analysé les conditions de la détermination volontaire.

Certaines de nos actions ne peuvent être rapportées à notre volontéet on ne peut par conséquent nous en rendre responsables. Ces actions, ce sont celles que nous faisons par violenceou par ignorance. Nous subissons en effet quelquefois des contraintes extérieures auxquelles il nous est impossible de résister. Nous ne sommes donc pas responsables de notre conduite.

Mais un homme peut faire aussi une mauvaise actionparce qu’il ignore qu’elle est mauvaise, et qu’il n’a pas l’idée d’une action meilleure qu’il faudrait faire. On ne peut donc l’accuser de faire volontairement le mal. Néanmoins, l’ignorance ne conduit pas nécessairement au pardon : il y a des cas où l’on punit l’ignorance, parce qu’il est des choses qu’il dépendait de l’hommede savoir et qu’il aurait dû savoir (Éthique à Nicomaque, III). Et ainsi, nous nous apercevons parfois de notre ignorance et notre erreur, et nous reconnaissons que nous avons mal agi.Mais, quoi qu’il en soit de notre ignorance, elle n’est jamais absolue, et nous considérons toujours les principes généraux qui doivent diriger la volonté. En conséquence, nous commettons le mal en nous trompant sur les circonstances où nous sommes et sur les moyens qu’il s’agit d’employer.

 

Qu’en est-il des actions faites en vue du plaisir ?Nous les faisons toujours de nous-mêmes, que nous soyons motivés par des sentiments nobles ou par l’égoïsme de la passion. Notre volonté les fait parce que nous y trouvons notre plaisir : nous en sommes donc responsables :

« Que si l’on prétend que tout ce qui est agréable et beau exerce sur nous une sorte de contrainte, attendu que ce sont des objets extérieurs, alors il faudrait dire que tout exerce sur nous un empire violent ; car c’est toujours en vue de ces choses que les hommes font tout ce qu’ils font, malgré eux et par conséquent avec peine, les autres avec plaisirs, parce qu’ils n’envisagent que le côté agréable.

Or il est ridicule d’accuser les objets extérieurs plutôt que de s’en prendre à soi-même de la facilité que l’on a à s’en laisser séduire. (Éthique à Nicomaque, III) »

 

La politique et l’économie:

La politique est l’un des plus anciens traités de philosophie politique de la Grèce Antique.

Le mot politique tire son étymologiedu mot grec polis, qui correspond à la cité(dans l’étymologielatine civitas).

La cité est définie comme la communauté politique, et celle-ci nettement distinguée des communautés familiales et villageoises dont la fin est la reproduction (biologique et économique) de la vie, condition nécessaire mais non suffisante de son humanité. Ce qui distingue précisément l'homme, qui est défini dans sa spécificité comme un « animal politique » : ἄνθρωπος φύσει πολιτικὸν ζῷον (anthropos phusei politikon zoon) Cette faculté, selon Aristote, est révélée par notre langage, dont la fin est de démarquer le juste de l'injuste ou de dénoncer les faux savoirs, les réputations usurpées. C'est-à-dire qu'il réalise pleinement et ne parvient en ce sens à l'autarcie en tant qu'homme que dans la communauté politique.

Vivre en effet ne lui suffit pas : vivre bien, s'épanouir, suppose encore de vivre dans une communauté de justice, qui le reconnaîtra à sa valeur en lui donnant ce qui lui revient.

C'est en ce sens que la cité est nécessaire à l'homme, et que celui-ci ne peut exister pleinement qu'en elle, comme la partie dans le tout : d'une nécessité spirituelle, bien plus que matérielle.

 

Aristote tient deux analyses en même temps : chaque homme revendique la justice pour bien vivre et se réaliser, et c'est pourquoi au-delà de la communauté familiale et de la communauté économique (le « village ») il ne peut vivre pleinement homme que dans la cité (communauté politique) - celle-ci étant définie par la fin commune de ses membres, la justice.

Mais si la justice est notre fin commune (et nous nous accordons tous en ce sens sur sa définition : donner à chacun ce qui lui revient, ce à quoi il a droit, ce qu'il mérite), elle est en même temps une fin disputée.

Le livre IV de La Politique, qui porte précisément sur les causes des séditions, explique clairement ce point par une analyse sociologique avant la lettre : chaque classe, suivant sa position sociale, interprète les critères de la justice à son avantage.

Le riche estime que le critère du mérite est la richesse,

Le noble estime qu'il s'agit de la noblesse (la vertu),

Le peuple, dénué de tout, estime que ce n'est aucune propriété en particulier mais la liberté qu'il possède en commun avec toutes les autres classes...

 

La communauté politique est donc essentiellement une communauté de la mésentente et du conflit : chacun visant la même fin de justice, mais interprétant son contenu suivant des critères divergents.

 

Dans La Politique, Aristote tend à analyser l’origine, la finalitéet le fonctionnement de l’État, mais aussi à étudier le fonctionnement des régimes politiquesde son époque. Son but est de dégager le meilleur régime politiquepossible, l’Étatidéal.

Aristote est un fondateur de la pensée médiévale, en économie en particulier, et on trouve dans ses ouvrages des concepts précurseurs de la pensée économique moderne.

Aristote montre avec Les économiqueset l'Éthique à Nicomaquela différence fondamentale entre l’économique et la chrématistique.

La chrématistique (de khréma, la richesse, la possession) est l’art de s’enrichir, d’acquérir des richesses.

Selon Aristote, l’accumulation de la monnaiepour la monnaie est une activité contre nature et qui déshumanise ceux qui s’y livrent : suivant l’exemple de Platon, il condamne ainsi le goût du profit et l’accumulation de richesses.

Il y a en effet confusion entre le moyen et la fin : l'argent est un moyen pour échanger des valeurs d'usage en vue de satisfaire la vie.

La chrématistique ne consiste en revanche qu'à accumuler la richesse comme fin en soi, comme si celle-ci en elle-même pouvait épanouir l'être humain.

L'homme est d'abord un animal politique. C'est la grande thèse aristotélicienne, sur laquelle il va bâtir toute sa philosophie politique. L'exigence de justice, si conflictuelle soit elle dans la cité, domine la vie et permet seule en se réalisant de réaliser l'être humain.

 

 

 

 

Rhétorique:

 

Aristote compose trois ouvrages de rhétorique majeurs :

- la Poétique,

- la Rhétorique

- les Topiques.

 

Pour Aristote, la rhétorique est avant tout un art utile. Moins qu'un moyen de persuasion, elle est un « moyen pour argumenter, à l'aide de notions communes et d'éléments de preuves rationnels, afin de faire admettre des idées à un auditoire ». Elle a pour fonction de communiquer les idées, en dépit des différences de langage des disciplines. Aristote fonde ainsi la rhétorique comme science oratoire autonome de la philosophie.

 

Trois genres rhétoriques, chacun trouvant à s'adapter à l'auditeur visé et visant un certain type d'effet social :

Les trois genres du discours :

 

Auditoire

Temps

Acte

Valeurs

Argument type

judiciaire

Juges

Passé

Accuser - défendre

Juste - injuste

Enthymème (ou déductif)

délibératif

Assemblée

Futur

Conseiller - déconseiller

Utile - nuisible

Exemple (ou inductif)

épidictique

Spectateur

Présent

Louer - blâmer

Noble - vil

Amplification

 

À chaque discours s'accorde une série de techniques et un temps particulier :

- le passé pour le discours judiciaire (puisque c'est sur des faits accomplis que porte l'accusation ou la défense),

- le futur pour le délibératif (on envisage les enjeux et conséquences futures de la décision objet du débat),

- le présent essentiellement mais aussi le passé et le futur pour le démonstratif (il est question des actes passés, présents et des souhaits futurs d'une personne).

Le judiciaire a le syllogismerhétorique ou enthymèmecomme instrument principal.

Le délibératif privilégie l'exempleet l'épidictique enfin met en avant l'amplification.

 

Chaque ouvrage d'Aristote permettra ainsi de rendre une méthodologie rationnelle de l'art oratoire. L'héritage platonicien, en dépit de divergences fondamentales entre les deux philosophes, est ainsi conservé à travers la dialectique. Aristote en définit les règles dans les livres V et VI de l' Organon. Celle-ci se fonde sur la logique, également codifiée par Aristote.

 

Les Topiquesdéfinissent le cadre des possibilités argumentatives entre les parties, c'est-à-dire les lieux rhétoriques.Pour Jean Jacques Robrieux, « Ainsi est tracée, avec Aristote, la voie d'une rhétorique fondée sur la logique des valeurs ». Par ailleurs, Aristote a surtout permis la tripartition ethos, pathos, logos.

 

Poétique:s’intéresse aux différents aspects de l’art poétique, comme la tragédie, l’épopée, et de manière anecdotique la musique. Aristote mentionne un futur ouvrage sur la comédie qui fait partie des œuvres disparues d’Aristote.

Aristote voit dans l'art de la tragédie un moyen pour l’homme de purifier l’âme de ses passions.

Cette purification, ou catharsisvient de la pitié et la crainte qu’éprouvent les spectateurs envers les personnages de la tragédie. Pour que cette catharsissoit possible, il faut que les personnages soient une imitation (mimêsis) des passions humaines, des imitations aussi vraisemblables que possibles. L’intrigue, elle, doit être aussi cohérente que possible, et se dérouler sans accroc depuis la situation de départ jusqu’à la conclusion.

Le meilleur exemple, pour Aristote, c’est l’Œdipe Roi,de Sophocle; à l’opposé, la Médéed’Euripideest considérée comme un exemple inférieur de tragédie, du fait du deus ex machinafinal (Médée emporte les cadavres des enfants qu’elle a eu avec Jason sur un chariot de feu).

 

La manière dont opère la catharsisn’est pas claire, dans le texte d’Aristote. Les spectateurs des tragédies prennent plaisir à voir des scènes qui leur seraient insoutenables dans la vie quotidienne : c’est peut-être dans cette esthétisation que les sentiments peuvent se purifier.

 

Époque contemporaine:

La philosophiecartésienneet ses suites au XVIIIeeurent donc pour effet de faire oublier la métaphysiqued’Aristote, et par voie de conséquence, toute sa philosophie et la métaphysique scolastique. Dans la plupart des ouvrages d’histoire des scienceset de philosophie, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, l’œuvre d’Aristote a systématiquement été décriée, en raison de la représentationgéocentrée, en même temps que l’on critiqua les erreurs de l’Église catholiquedans le procès de Galilée.

Néanmoins, le XIXe sièclevit un retour à la métaphysique aristotélicienne,sous la plume de Ravaisson, Trendelenburget Brentano,précédés d'ailleurs par la dernière philosophie de Schelling.

 

Le mouvement initié par Brentanoaboutit à la révolution philosophique de Heidegger, qui répète la question de l'être, occultée par les modernes, à partir de son commencement aristotélicien.

 

L'influence d'Aristote demeure dans la philosophie contemporaine avec les nombreuses références à son œuvre dans la pensée d'Hannah Arendtet des philosophes politiques communautaristes. La philosophe américaine Ayn Rands'en revendique également considérablement.

 

La grande influence de l'œuvre d'Aristote s’explique sans doute en partie par son caractère encyclopédique, qui tente de totaliser le savoir.

 

Aristote avait conscience de ce qu’il peut y avoir d’interminable dans la recherche de la vérité, et que certaines questions d’ordre métaphysiquerestent ouvertes.

 

Historiquement, Aristote apparaît comme le premier auteur effectuant des classifications hiérarchiquesdu savoir de façon systématique. Ce mode de classement, qui pourrait être de son invention (il était en tout cas inconnu des bibliothécaires de Sumer), a survécu jusqu’à nos jours.

Il est employé par exemple dans les cartes heuristiquesdepuis les années 1970, dans un esprit holistique. Nous ne commençons à nous en détacher qu’avec les bases de données relationnelles.

En septembre 1998, une encycliquedu papeJean-Paul II(Fides et ratio) souligne l’importance de la philosophied’Aristote dans la transmission du savoir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Philosophie

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